Chökhor Ling

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Le stupâ de l'Éveil à Chökhor Ling 2011

Par Vén. Gelek Drölkar

Le 12 septembre 2011, une cérémonie s'est déroulée au centre monastique, selon la pure tradition tibétaine, pour célébrer le premier jour de l'édification du stupâ. Cette date a été donnée lors d'une divination effectuée par un maître du monastère de Ganden en Inde. Trois moines experts sont venus rejoindre la communauté monastique et aider Geshé Thupten Khédroup à la construction du stupâ de l'Éveil (encore nommé stupâ de l'Illumination ou de la Bodhicitta). Ce stupâ regroupe en lui-même les huit stupâs principaux. La cérémonie commença le matin à partir de 9h et le premier coup de pelle des fondations fut donné en début d'après-midi. Toutes les personnes disciples de Chökhor Ling ou amis du Dharma sont venus assister et participer à cet événement dont l'importance spirituelle est tout simplement essentielle. Le stupâ de Chökhor Ling est dès lors dédié à la réalisation de l'esprit d'Éveil dans le cœur et l'esprit de tous les êtres.

Qu’est-ce qu’un stupâ ?

La présence d’un stupâ (chorten en tibétain) dans un lieu manifeste un grand pouvoir bénéfique dont l’influence s’étend à plusieurs kilomètres à la ronde sous forme de bénédictions multiples. S’engager de quelque manière que ce soit dans la participation à la construction d’un stupâ est considéré comme un acte hautement méritoire. Quelle en est la raison ? Le stupâ symbolise la présence active du Bouddha dont le rayonnement purificateur et bienfaisant touche non seulement les êtres qui l’édifient mais tous ceux qui par la suite viendront le voir et lui rendre hommage en circumambulant autour de lui, en récitant des mantras, en déposant des offrandes ou tout simplement en le contemplant.

Le stupâ bouddhiste est à l’origine des monuments édifiés pour la vénération des reliques du Bouddha historique et de celles des grands saints. C’est un bâtiment sacré.
La symbolique du stupâ dépend de la qualification dans laquelle il se situe et que l’on peut diviser en trois branches :
• Le stupâ qui abrite des reliques ayant une relation directe avec le Bouddha ou avec de grands sages.
• Le stupâ qui expose la doctrine du Bouddha.
• Le stupâ qui commémore le parinirvana du Bouddha et qui est désigné comme sanctuaire.
D’un point de vue conventionnel et symbolique, la structure du bâtiment exprime les cinq éléments du monde physique. Sa base carrée représente la terre dont chaque côté fait face à un point cardinal. La partie ronde est identifiée à l’eau, la partie conique ou pyramidale au feu, la partie supérieure semblable à un parasol représente l’air et la flèche en forme de goutte symbolise l’espace au-dessus du soleil et d’un croissant de lune.
D’un point de vue ultime, tous les stupâs représentent l’esprit ou le corps absolu (Dharmakaya) d’un Bouddha et à chaque élément de l’édifice correspond un aspect particulier de la voie progressive vers l’Éveil. La base est constituée d’une plate-forme carrée qui soutient l’édifice, cette structure représente l'éthique des "dix vertus" sur laquelle repose toute la pratique spirituelle :
• Les trois vertus du corps : protéger la vie, 
pratiquer la générosité, garder une conduite sexuelle pure.
• Les quatre vertus de la parole : dire la vérité, 
réconcilier 
parler de manière calme et agréable, 
parler à bon escient;
• Les trois vertus de l'esprit : la bienveillance, 
le contentement, 
la pensée juste.. Cette base supporte trois marches symboles des Trois Joyaux – Bouddha, Dharma, Sangha – envers lesquels chaque pratiquant prend refuge. Vient ensuite une superposition de marches carrées en forme de trône. Sur le trône est édifié un dôme hémisphérique ou vase, représentant les sept branches de l’Éveil (l'attention, 
la connaissance, 
la digilence, 
la joie, 
la parfaite souplesse de l'esprit, 
la concentration, 
l'équanimité) dans lequel se pose un reliquaire carré appeléHarmika contenant une multitude d’objets consacrés, des reliques, des prières, et parfois les cendres des grands saints. Ce niveau du stupâ est sacré, secret et profondément agissant dans le sens d’ultimes bénédictions pour tous et pour l’environnement. Le reliquaire supporte au-dessus de lui une flèche formée de treize roues ou anneaux qui désignent “les dix forces et les trois parfaites attentions” (Les dix forces : la force de la pensée, 
la force de la pensée supérieure, la force de la mémoire, 
la force de la concentration, 
la force de la parfaite application, 
la force de l'autorité, 
la force de l'assurance, 
la force des souhaits, 
la force de l'amour et de la compassion, 
la force de la bénédiction de tous les Bouddhas. Les trois parfaites attentions : la parfaite attention par laquelle la Bouddha ne retire pas de satisfaction lorsque les disciples l'écoutent avec respect ; 
la parfaite attention par laquelle le Bouddha ne conçoit pas de colère lorsque les disciples de l'écoutent pas avec respect ; 
la parfaite attention par laquelle le Bouddha reste équanime lorsque certains disciples l'écoutent avec respect et d'autres non). Au sommet de la flèche brille une couronne représentant une ombrelle ou parasol en forme de lotus. Au-dessus s’étend un croissant de lune symbole de l’élimination de toutes les souffrances, surmonté d’un disque solaire symbole du rayonnement de l’étincelante compassion. Le joyau à la pointe du sommet symbolise la réalisation de tous les souhaits. 
Dans la tradition tibétaine, huit stupâs commémorent les huit événements majeurs de la vie du Bouddha. :
• Pour la naissance du Bouddha : le stupâ des lotus empilés rend hommage aux sept pas qu’il fit dans les quatre directions.
• Pour l’éveil du Bouddha : le stupâ de la victoire sur Mara, victoire acquise sous l’arbre de la bodhi à Bodhgaya.
• Pour le premier tour de la roue du Dharma : le stupâ aux multiples portes commémore le premier enseignement du Bouddha dans le parc des Biches à Sarnat près de Bénarès.
• Pour la défaite des faux maîtres : le stupâ des miracles en rappel de l’imposture des faux maîtres révélée par le Bouddha dans la forêt de Jetavana à Shravasti, dans le but de convertir les hérétiques à l’authenticité.
• Pour la retraite du Bouddha à Tushita (monde divin) : le stupâ de la descente du monde des dieux, lorsque le Bouddha enseigna le Dharma en ces lieux à sa mère et son retour sur la terre.
• Pour la mémoire de la paix revenue : le stupâ de la réconciliation pour fêter la réunion des membres du shanga après le schisme provoqué par Dévadatta.
• En souvenir des trois derniers mois de la vie du Bouddha : le stupâ de la victoire totale, lorsque le Bouddha, âgé de 80 ans, prolongea sa vie dans la ville de Vaisali pour le bénéfice de tous les êtres et prouva sa victoire sur la mort.
• Pour le passage au-delà de la souffrance : le stupâ du parinirvana qui commémore l’instant où le Bouddha quitta son corps et cette existence dans la région de Kushinagar.

D’autres stupâs s’élèvent dans les centres monastiques ou d’autres lieux sacrés aux abords des temples. Ils peuvent être dédiés à l’Éveil, à la Bodhicitta, à la longévité, dans le but d’accomplir des actes méritoires, etc.
Dans tous les cas, les stupâs sont considérés comme une source vivante de bénédictions pour quiconque les voit, en fait le tour en marchant dans le sens des aiguilles d’une montre (circumambulation) ou vit à proximité.

Réalisation d'un stupâ à Chökhor Ling

Le projet d'édification d'un stupâ au centre monastique prit forme il y a deux ans à la suite des ferventes requêtes de certains membres de la sangha laïque. Traditionnellement, un tel projet et la participation à sa réalisation concernent toutes les personnes souhaitant s'engager dans une démarche fondamentalement altruiste ayant pour support une profonde motivation de bodhicitta (esprit d'Éveil). Dans la tradition tibétaine et asiatique en général, il est une règle de cœur, d'éthique et de confiance qui place un centre monastique sous la protection matérielle des fidèles laïcs. L'aide à la communauté et le soutien au centre sont offerts spontanément en raison du respect et de la profonde reconnaissance que les gens manifestent vis-à-vis de la valeur des enseignements du Bouddha et du dévouement inconditionnel des membres de la sangha monastique. La motivation des fidèles est portée par la compréhension et la confiance dans les principes de la loi de cause à effet qui enseigne que ceux qui donnent reçoivent infailliblement. 

Mais la construction d'un stupâ ne dépend pas d'une seule volonté, il faut en recevoir l'acceptation des maîtres supérieurs et leur bénédiction. Ceci étant accordé, ils donneront des indications sur son emplacement, le désigneront parmi toutes les formes et symboliques des stupâs et feront des offrandes spéciales. C'est ainsi qu'au jour et à l'heure indiqués par l'oracle, lorsque toutes les conditions favorables furent réunies, le début de la réalisation commença. 

Le Vénérable Geshé Thupten Khédroup, accompagné des moines du monastère de Ganden et des moniales de Chökhor Ling, entreprit de purifier et de bénir le lieu de construction dans la pure tradition tantrique du bouddhisme tibétain. Venus en grand nombre, les fidèles laïcs et les amis du Dharma effectuèrent une procession en portant respectueusement les précieux Khangyour (103 textes regroupant la parole authentique du Bouddha). Une vive émotion se lisait sur tous les visages, tandis que cloches, cymbales et tambour résonnaient, entrecoupés du chant des mantras. À l'heure pile, les monastiques suivis des laïques donnèrent chacun quelques coups de pioche dans la terre. Puis, la pelleteuse traversa le parc et commença à creuser les fondations. Après cela vint le moment où chaque participant fut invité à jeter une pierre dans le creux des fondations. Le symbolisme de ce geste est multiple, au sens où chacun par ce moyen peut se décharger d'un poids de vie trop lourd ou trop ancien à porter, en faisant un vœu de régénération, en formulant un souhait pour soi ou pour d'autres, avec la motivation de l'Éveil. Puis la dalle fut coulée, enveloppant à jamais les pierres de vœux. Après une pause déjeuner, la journée se poursuivit sous les auspices des prières d'offrandes de joie et de lumières.

Ainsi naquit le stupâ de l'Éveil, ici même à Chökhor Ling.

Ont participé à l'édification du stupâ : Vénérable Geshé Thupten Khédroup, maître d'œuvre et de cérémonie, Vénérable Geshé Lobsang Nyindrak, Vénérables Lobsang Jamyang et Kalsang Tenzin du monastère de Ganden en Inde, Vénérables Gelek Drölkar et Gelek Chödzom.

Remerciements

Avec le plus grand respect et la plus haute vénération, nous adressons nos remerciements à Sa Sainteté le Dalaï-Lama pour sa bénédiction, la remise de précieuses reliques, de pilules sacrées corps-parole-esprit et de pilules de guérison.

Notre infinie reconnaissance et remerciements à notre Vénérable Geshé Thupten Khédroup pour sa générosité et disponibilité et pour les trésors spirituels déposés dans le stupâ. Pour les terres saintes foulées par le Bouddha et ses disciples et d'autres terres en provenance de lieux sacrés du Tibet, Népal, Inde et Chine ; pour l'eau des lacs sacrés du mont Kaïlash et pour les herbes médicinales et les bois sacrés.

Merci au Vénérable Geshé Lobsang Nyindrak ainsi qu'aux Vénérables Lobsang Jamyang et Kalsang Tenzin pour leur grande aide. 

Merci au monastère de Drepung Loselling et au Vénérable Geshé Ngagrinpa pour la confection des rouleaux de mantras bénis par Sa Sainteté le Dalaï-Lama à l'occasion de la cérémonie du grand stupâ en présence de nombreux grands maîtres et des 15 000 moines du monastère.

Merci au monastère de Gyurmé pour le remplissage de la statue du Bouddha Shakyamuni incluse dans le stupâ et bénie par les moines du monastère.

Merci au monastère de Drepung Gomang et au monastère de Ganden Shartsé Jing pour la remise de nombreuses reliques et pilules précieuses.

Merci à la Vénérable Ni Su Dam Hai pour sa généreuse offrande et merci à sa disciple Jacqueline Ngo pour l'offrande de l'ensemble des robes du Bouddha de Bodghaya.

Merci à tous les fidèles adhérents de Chökhor Ling et aux amis du Dharma qui, par la générosité de leurs dons ont permis cette réalisation.

Sans oublier de remercier et de féliciter pour leur grande compétence, leur talent et leur gentillesse M. Daniel Briaud, artisan à Saint-Savin et MM. Eric et Simon Chartrin, entrepreneurs à Antigny.

“Puisse l'esprit d'Éveil 
Précieux et suprême
Naître là où il n'est pas né
Ne pas diminuer là où il est apparu
Et s'étendre de plus en plus.
Puisse l'excellente vertu s'accroître.” 

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