Chökhor Ling

Enseignements

Nagarjuna Comprendre comment fonctionne Esprit

L'initiation bouddhiste

Par Vén. Gelek Drölkar

Une description schématisée de l'initiation pour permettre à l'esprit du chercheur de découvrir ou de rafraîchir sa mémoire sur le sens d'une démarche en corrélation avec celui de sa propre existence.

Le refuge

Selon la tradition bouddhiste, l'initiation jalonne la vie du pratiquant. La première et la plus importante est la prise de refuge parce qu'elle ouvre la porte d'entrée sur la voie du Dharma. C'est elle qui assure le succès des pratiques méditatives et inspire un comportement en adéquation avec les enseignements. La prise de refuge installe la base solide et indispensable sur laquelle peuvent s'appuyer les fragilités avant de devenir des forces. Ceci étant, il en va de même pour toute initiation, il reste indispensable de s'appliquer ensuite au quotidien à "l'entretien" de l'énergie mise en mouvement en soi. Initier exprime "transmettre le pouvoir", s'agissant ici de celui de méditer, de prier et d'agir dans le sens authentique du Dharma.
Si l'expression "prendre refuge" semble bien étrangère au mode de pensée habituel, elle n'est pourtant pas aussi éloignée qu'il n'y paraît. Quid de prendre refuge dans le chocolat, la télévision, la suractivité, le bavardage futile, la cigarette, l'alcool et autres comportements impulsifs ? Persuadé qu'en agissant ainsi, on trouve le moyen de se faire du bien. Très vite un constat de solitude morale émerge à la surface des illusions. Rien n'a changé parce que l'esprit demeurant dans le même état garde intactes les souffrances dont il est le propre initiateur. La connaissance est l'outil qui permet de façonner l'esprit semblable à une pierre brute qui ne demande qu'à être polie pour rayonner de tout son éclat originel. L'abandon des objets erronés de refuge tels ceux cités plus avant ne signifie aucunement se priver de sorties, de chocolats ou de télévision. Il s'agit simplement de ne pas se laisser absorber par eux, au point de négliger le seul élément indispensable au bonheur, la compréhension du sens véritable de la vie. La prise de refuge dans les trois énergies pures que sont le Bouddha, le Dharma et le Sangha est la clé dont dépend toute la progression dans la voie de la sérénité et des belles réalisations. C'est sur cette base solide et inaltérable, comme le deviennent la confiance et la diligence qui animent le pratiquant, que peuvent venir s'inscrire d'autres formes d'initiations.

L'engagement

La responsabilité fait souvent peur et nombre de personnes hésitent avant de s'engager. L'univers intérieur est ce grand inconnu que l'on souhaite explorer mais pas trop vite, pas trop clairement et peut-être pas vraiment. Alors quand la route se précise, le pèlerin parfois recule tant il doute de lui-même.
À chaque initiation correspondent certains engagements. Les tout premiers accompagnent le voyageur spirituel durant toute sa vie. Ils se doivent d'être respectés et réhabilités en cas de manquements.
1. Ne pas tuer. Soit ne pas prendre la vie quelle qu'elle soit mais au contraire la protéger.
2. Ne pas voler. Soit ne pas prendre ce qui n'a pas été donné mais ne pas hésiter à partager ses ressources.
3. Ne pas mentir. Soit ne pas se fourvoyer dans la dissimulation, l'hypocrisie et la tromperie, mais être vrai en toute occasion.
4. Ne pas s'engager dans l'inconduite sexuelle. Mais cultiver la fidélité et la tempérance.
5. Ne pas utiliser d'intoxicants. Soit ne pas devenir dépendant de substances propres à noyer et à brouiller l'esprit.
Ces cinq vœux reviennent à l'orée de chaque initiation. En respecter l'engagement permet de garder intacte la transmission de la bénédiction et l'empreinte de l'initiation. En revanche, en cas de manquement, il est nécessaire d'employer les moyens de nettoyer l'erreur. C'est de cette manière que l'on prend conscience de la prise de refuge en tant que pratique à exercer dans la vie quotidienne. Et c'est bien ici que commencent les difficultés. Pour la raison majeure qui est celle de protéger ses vœux, l'enseignement du Bouddha-Dharma recommande :
• d'éviter la dispersion en multipliant les sources de connaissance : il vaut mieux avancer dans une voie sûrement que se perdre au croisement de tous les chemins.
• cultiver le respect envers les objets saints, les statues et les effigies du Bouddha, les textes sacrés et ses représentants, les moines et les nonnes.
• éviter toute compagnie nuisible telle les faux amis ou les gourous qui poussent à agir de manière négative et contre ses propres engagements.
En suivant ce chemin de développement progressif, et en ne l'abandonnant jamais, il devient possible de recevoir d'autres initiations comportant à leur tour des vœux supplémentaires :
• les vœux de Bodhisattva avec l'étude et la mise en application des six paramitas dont l'étendue s'exprime au travers des 37 pratiques du chemin de Bodhisattva.
• les vœux liés à chaque yidam, soit par exemple, dans le cas de Tchenrézi, celui de fonder les comportements du corps, de la parole et de l'esprit sur la compassion et l'amour inconditionnel.
• les vœux tantriques, comportant des engagements préliminaires suivis de quatre grandes initiations. Les engagements ici sont très puissants et réclament une réelle familiarisation avec les principes énoncés précédemment et l'application quotidienne de la méditation. Sans cela il n'y a aucune possibilité d'obtention d'accomplissement positif.
Il est toutefois possible de recevoir une initiation de haut niveau tantrique sans être capable de tout comprendre et de tout suivre. En ce cas il s'agira d'une transmission de bénédictions, c'est-à-dire que la personne ne s'aventure pas à prendre d'engagement qu'elle sait ne pouvoir tenir pour le moment, mais grâce à une motivation pure, elle accueille la bénédiction dans son cœur et sur son courant de conscience. Cette empreinte positive gardera son potentiel bénéfique comme une graine qui a été semée, jusqu'au moment où l'esprit, ayant progressé, sera en mesure de la faire se développer.
• viennent ensuite les vœux monastiques réservés aux personnes ayant reçu les différents niveaux d'ordination.

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