Visite d'un grand maître 2009
Par Vén. Gelek Drölkar
Avoir l'opportunité de rencontrer et de se rapprocher d'un grand lama relève d'une chance excellente qui dans le bouddhisme se traduit par l'acquisition de beaucoup de mérites. Le maître spirituel est le représentant direct du Bouddha. Il est la racine de la grâce par laquelle se transmettent les possibilités de réalisations, c'est-à-dire la progression sur le chemin de la libération des souffrances. En présence du Vénérable Geshé Thupten Khédroup, de moines et de moniales, Chökhor Ling a eu le très grand privilège d'accueillir en son centre Son Éminence Thamthog Rinpoché. Pour ceux qui n'ont pu être présents et aussi pour tous ceux qui l'étaient, voici en mots et en images le résumé de ces quelques jours merveilleux.
La requête
Le souhait de recevoir un haut dignitaire du bouddhisme ne peut s'accomplir sans avoir correctement respecté le traditionnel protocole à l'issue duquel le maître envisage d'accorder sa réponse. Notre requête auprès de Son Éminence Thamthog Rinpoché fut soutenue par un très précieux messager en la Vénérable personne de Geshé Thupten Khédroup dont Rinpoché est un des maîtres. La réponse favorable nous combla de bonheur. Tenant compte du fait que les grands lamas du bouddhisme tibétain, appelés Rinpochés, sont reconnus très jeunes comme les réincarnations d'éminents maîtres du passé, il ne peut sembler étonnant qu'ils soient dotés de qualités exceptionnelles transmises de vie en vie. Leur esprit exercé à la méditation profonde s'affine depuis de nombreuses existences, il faut comprendre qu'il s'agit là d'êtres bien différents des personnes ordinaires que nous sommes.
Les préparatifs
Créé en 2007, Chökhor Ling est un jeune centre. Son installation débuta par la transformation de la maison acquise vingt ans auparavant. La plus belle pièce dotée d'un escalier extérieur en pierre devint le premier petit temple qui fut aussitôt consacré par Geshé Thupten Khédroup. Puis d'importants travaux d'aménagements furent entrepris. Dire que l'énergie toute puissante et bienveillante du Bouddha permit aux choses d'avancer à pas de géant sans rencontrer le moindre obstacle n'est pas faire preuve d'exagération. Au bout d'à peine un an les retraites purent commencer et en deux ans le grand temple et tous les travaux auxiliaires furent achevés. Spécialement sculpté pour Chökhor Ling dans du bois de cèdre blanc, un Bouddha de 2 m de haut en provenance du Tibet oriental prit sa place en juin 2008. Sur les conseils d'un ébéniste qualifié, il demeura un an en son état de bois naturel pour s'habituer au climat et à l'hygrométrie.
La venue de Rinpoché engagea Geshéla à prendre la grande responsabilité de donner vie à la statue. Aguerri aux arts sacrés, il entreprit, avec l'aide d'un autre moine, de charger le corps du Bouddha de mantras, de substances pures et surtout des reliques rares et précieuses qu'il possédait. Il déposa la parure d'une lumière d'or sur sa peau de bois et lui ouvrit les yeux dans l'éclat d'un regard d'une infinie compassion. Puis tout fut mis en œuvre pour accueillir comme il se doit l'hôte exceptionnel que nous attendions.
L'accueil
Le jour de l'arrivée, les portes du temple ornées de drapeaux de prières et encadrées de bougainvilliers resplendissaient de leur peinture fraîchement appliquée. Les signes auspicieux tracés sur la terre attendaient de guider le chemin depuis la route. Une partie des disciples se trouvait sur place pour accueillir Rinpoché tandis que l'autre s'était déplacée en plusieurs voitures ornées de katas jusqu'à la gare de Poitiers. Le convoi pénétra les volutes de la fumée d'encens qui s'échappait de grands seaux et se répandait en nuages dans l'espace, comme au Tibet... Rinpoché venait d'arriver.
Bénédiction des lieux et consécration du centre monastique
Chargé des présentations, Geshéla évoqua l'histoire de Chökhor Ling et présenta à Rinpoché les moines, les moniales et les participants invités. Après avoir offert et partagé dans le temple la collation d'usage en signe de bienvenue, ce fut au tour de Rinpoché de s'adresser à nous. Dès le premier instant son immense compassion remplit nos cœurs et répandit en nos esprits un état d'ineffable bien-être. Geshéla, Anila Chödzom et moi offrîmes le mandala, puis la cérémonie des bénédictions et la consécration s'ensuivirent dans cet état de grâce qui ne nous quittait plus.
Le refuge
Une cérémonie de prise de refuge se déroula dans la petite gompa accueillant tous ceux qui souhaitaient prendre ou renouveler leurs vœux d'entrée dans le bouddhisme auprès de Rinpoché. Le petit temple en était pleinement occupé et la cérémonie fut un moment recueilli et privilégié.
Les initiations tantriques
Les premiers jours furent réservés aux initiations de Yamantaka et de Vajra Yogini, dont nous avions fait la requête spéciale pour le groupe de pratiquants bouddhistes confirmés. S'il n'est pas possible de s'étendre sur la vastitude de bienfaits qui nous fut offerte par Rinpoché au travers de l'initiation et des commentaires, nous pouvons tous témoigner d'instants inoubliables vécus dans l'univers du temple qui s'était dilaté.
Les initiations à Poitiers
Le soleil n'a pas quitté ces deux jours consacrés aux initiations de Tchenrézi et de Sangyé Menla. Le Bois-de-Saint-Pierre est un endroit charmant aux abords de la ville de Poitiers. Situé en pleine forêt de chênes, le lieu offrit l'environnement idéal à l'aménagement cette fois-ci provisoire d'un temple digne de ce nom. Avertis plusieurs fois dans la semaine par la presse locale et par deux reportages de France 3 pour le journal télévisé, le public se rassembla attentif autour de Rinpoché. Chacun repartit en emportant au profond de son être l'empreinte bienveillante de sa bonté et des bénédictions reçues. Le dernier jour, une tsa-tsa du Bouddha de la Médecine fut offerte aux malades et aux soignants.
Le départ
L'impermanence, les bouddhistes le savent bien, se manifeste constamment. À peine commencé, déjà terminé : le temps du départ annoncé fut cependant vécu joyeusement, impossible de faire autrement auprès de Rinpoché. Les fidèles étaient à la gare de Poitiers, les yeux brillants peut-être un peu mouillés. Rinpoché nous quitta en nous assurant de son retour futur. Le train déjà loin, sa présence demeure dans nos cœurs et son infinie sagesse nous guide à chaque instant.
Merci
Quel mot banal pour exprimer l'incommensurable reconnaissance qui nous habite. Comment dire merci pour tout ce que nous avons reçu ? Eh bien voilà, Mapie, notre traductrice, c'est à toi que nous adressons nos ultimes remerciements. Parce que tu as su, avec tant de discrétion, de douceur et de talent, si fidèlement retranscrire les paroles de Rinpoché, tu as permis à chacun de profiter pleinement de ses cadeaux d'enseignements. Ta présence calme, légère et profonde à la fois fut un égal bienfait pour nous tous. Merci Mapie.